Comment faire face à la discontinuité relationnelle en protection de l’enfance ?
La discontinuité relationnelle désigne la rupture répétée des liens affectifs entre un·e enfant et ses figures de référence.
Bonjour,
Bienvenue dans cette nouvelle édition de la Kali’actu !
Imaginez : à chaque visite chez le médecin, le·la praticien·ne qui vous accueille est différent·e à chaque fois. Il·elle ne sait pas qui vous êtes, ni quels sont vos antécédents. Vous devez tout réexpliquer à chaque fois. Ce serait inconfortable, non ?
Maintenant, transposer cela à un enfant placé. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas juste de soins mais aussi de repères émotionnels. Des éducateurs·rices, référent·es, assistants·es familiaux·ales qui changent trop souvent ne permettent pas la construction d’un lien.
On appelle ça la discontinuité relationnelle. Entre rupture de lien, disparition de repères et instabilité émotionnelle, les enfants peinent à se sentir en sécurité, à se (re)construire et à faire confiance.
Alors comment faire autrement ? Comment offrir de la stabilité à celles et ceux qu’on appelle "protégé·es", mais qui, souvent, ne le sont que sur le papier ?
Repenser l’organisation des services
La lutte contre la discontinuité relationnelle nécessite une transformation profonde de l'organisation des services de protection de l'enfance. Il ne s'agit plus seulement de multiplier les places d'hébergement, mais de repenser la qualité de l'accueil et de l'accompagnement.
Cela implique de réduire les changements d'intervenant·es, limiter le recours à l’intérim et de privilégier la continuité des équipes.
💡LA PROPOSITION DE KALIA
Co-construire avec les institutions un modèle logique, pour reposer les objectifs de chaque service et les rendre lisibles pour tous.
Créer une charte des métiers et une charte des responsabilités pour clarifier les rôles, renforcer l’attractivité, et revaloriser les professions.
Renforcer la chaîne attachementale
Certain·es référent·es ASE jonglent avec 100 dossiers au lieu des 45 requis. Cette surcharge, couplée à l'urgence constante, crée une anxiété chez les professionnel·les qui se sentent impuissant·es face à l'impossibilité de répondre à la demande, malgré leur investissement.
Le bien-être de l'enfant dépend directement du bien-être des professionnel·les qui l'accompagnent. C'est une logique de poupées russes : pour protéger efficacement les enfants, il faut d'abord protéger ceux qui s'en occupent.
Cela implique la création d'une chaîne de sécurité attachementale au sein des services de protection de l'enfance, s'étendant de l'enfant jusqu'aux cadres supérieur·es.
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LA PROPOSITION DE KALIA
Avec le soutien de l’institution, mettre en place des espaces professionnels de sécurité aux cadres et aux professionnel·les de terrains pour soutenir leur travail quotidien.
S’inspirer de ce qui se passe ailleurs
Une étude québécoise menée par Potvin et Dionne en 2023 démontre l'importance de se concentrer sur les facteurs organisationnels pour favoriser la rétention du personnel en protection de l'enfance.
Certains départements français ont su capitaliser sur ces enseignements pour développer des approches innovantes pour favoriser la continuité relationnelle.
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LES INITIATIVES DES DÉPARTEMENTS
Isère : accompagne la prise de poste des nouveaux cadres via de l’analyse de pratique, de la formation ou encore des temps de régulation sur les situations afin de limiter l’épuisement professionnel des cadres.
Maine et-Loire : expérimente un projet de tutorat consistant à proposer aux professionnel·les une marraine ou un parrain lors de l’arrivée au sein de la collectivité.
Val d’Oise : développe des actions préventives de bien-être au travail pour limiter l’épuisement des professionnel·les de l’ASE.
En résumé
On ne protège pas un·e enfant avec des procédures ou des structures, mais avec des personnes engagées, formées et soutenues dans leur mission.
L'enjeu est de taille : briser le cycle de la discontinuité pour offrir à chaque enfant placé la possibilité de construire des liens durables et sécurisants. Car au-delà des chiffres et des statistiques, derrière chaque parcours de placement se cache un·e enfant qui ne demande qu'à faire confiance à nouveau.
À très bientôt !
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